Hubert Haenel, hommages
Ce mercredi 30 septembre à Saint-Louis-des-Invalides, à 11 heures, un hommage officiel sera rendu à Hubert Haenel, décédé le 10 août dernier.
Il y a un an, Hubert Haenel nous avait fait le plaisir de participer à une après-midi de débats que Mobilettre avait organisée, «J’aime l’Etat?». Assujetti au devoir de réserve comme membre du Conseil constitutionnel, il avait comme à son habitude interpellé avec finesse cet Etat parfois inconséquent, et laissé parler sa passion ferroviaire, celle qui lui faisait murmurer aussi bien à l’oreille des patrons qu’à celle des syndicats.
Je me souviendrai longtemps de nos déjeûners au Sénat. A 12 heures tapantes, la serviette autour du cou, il attaquait d’un même élan son entrée et sa chronique bien personnelle du temps ferroviaire. Ces discussions nous conduisaient ensuite à ce grand bureau d’aile, sobre et élégant – repris aujourd’hui par Jean-Pierre Raffarin, plus chinois que jamais.
J’avais le sentiment que ces moments étaient précieux, un peu hors du temps, tellement authentiques. Hubert Haenel, tout attaché qu’il était à certaines valeurs, regardait constamment vers l’avenir. Loin de la provocation, il pensait souvent juste – trop juste, parfois, pour convaincre des décisionnaires timorés, égarés dans des tactiques compliquées, perturbés par le mythe de la confrontation. Gilles Dansart
L’homme de la régionalisation
Stéphane Volant, secrétaire général de la SNCF, a bien voulu nous confier ses souvenirs d’un élu et ami qui a contribué à faire évoluer une famille cheminote à laquelle il était tant attaché.
Le 10 août dernier, au moment où Hubert Haenel passait «sur l’autre rive», une pluie d’éloges s’abattait sur lui, prononcés avec sincérité et émotion par des amis nombreux et d’horizons si divers que nous prenions tous vraiment conscience de la richesse de sa (ses?) vie(s), de la constance de ses engagements et des fidélités qu’il avait su tisser pendant 73 ans.
Bien sûr, il y avait l’Alsace et plus particulièrement sa vallée et ses montagnes de Lapoutroie qu’il avait servi comme maire, conseiller régional et sénateur de 1977 à 2010. Cette Alsace si particulière qu’elle ne se comprend vraiment, comme Hubert Haenel, qu’au travers de son attachement indéfectible à la République française et à sa soif immodérée d’Europe.
Il y avait aussi le Droit. Le Droit juste qui fait le bien. Ce droit-là auquel Hubert Haenel a consacré sa vie de magistrat, du Conseil d’Etat au Conseil constitutionnel.
Il y avait encore la Défense nationale dans toutes ses composantes : l’armée de Terre et celle de l’Air, la Marine et la Gendarmerie, les soldats d’active comme ceux de réserve. Hubert Haenel leur consacra un rayonnage de « Que sais-je ? » !
Il y avait enfin le service public qu’il avait commencé à servir comme « agent de tri postal » quand il était jeune homme, auquel il était si attaché et qu’il défendait naturellement, notamment quand il traçait les lignes d’une SNCF rénovée, conquérante, efficace, au cœur de la vie des Français.
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Xavier Piechaczyk quitte l’Elysée
Quarante mois à souquer ferme pour soutenir les projets transports des pénuries budgétaires, gérer les crises et lancer quelques réformes, d’abord comme conseiller à Matignon auprès de Jean-Marc Ayrault puis à l’Elysée auprès du président Hollande: une telle constance dans l’effort vaut aujourd’hui à Xavier Piechaczyk un très honorable recasage, au nouveau directoire de RTE, le gestionnaire du réseau électrique.
Ancien de la DGITM, Xavier Piechaczyk s’est forgé à Matignon une solide réputation de conseiller très politique, dans le domaine élargi du développement durable. Techno de formation mais très vite rompu aux tactiques du pouvoir centralisé, il a notamment contribué à sortir le dossier Grand Paris au printemps 2013, avant de manœuvrer sans relâche en coulisses sur la réforme ferroviaire, dont il assumait avec fierté le schéma d’organisation, inédit, et les compromis successifs, au nom de l’efficacité. Son influence lui a valu quelques inimitiés.
Il s’est fait logiquement plus discret à l’Elysée, passant pas mal de temps à gérer les interfaces avec Ségolène Royal – quasi un temps plein, en fait. Il n’a pas manqué d’intervenir et d’user de son influence sur quelques dossiers sensibles, dans une logique très élyséenne de prudence sociale. Ainsi sur les TET (trains d’équilibre du territoire), quand il a in extremis commandé le renoncement à l’expérimentation de la concurrence sur les trains de nuit, quelques jours avant la sortie du rapport de Philippe Duron.
Gares routières et pôles d’échanges:
ce qui s’est dit à Bercy
Devant les micros et les caméras, les deux ministres Emmanuel Macron et Alain Vidalies ont fait le job pour rassurer tout le monde, lundi 28 septembre à l’issue de la table ronde sur les gares routières: une ordonnance d’ici décembre fixera les grandes règles d’accès, de régulation et de gestion des gares routières, pôles d’échanges et autres points d’arrêt nécessités par le développement rapide des cars nouvellement libéralisés.
Très attendue par les opérateurs qui «bricolent» un peu et improvisent parfois des arrêts hors de toute logistique d’accueil, cette table ronde a permis l’expression de chacun des acteurs concernés: les opérateurs, le régulateur (la future Arafer), les gestionnaires d’infrastructures et les collectivités (au demeurant fort peu représentées, hors l’AMGVF). La nécessité d’une clarification de la gestion et de l’accès des gares routières publiques a notamment permis à Gares & Connexions de se poser en candidat pour en devenir opérateur – un métier que maîtrisent aussi la RATP, Keolis ou Transdev.
Deux problèmes ont en revanche suscité quelques échanges contradictoires:
A noter que Fabienne Keller, auteure d’un rapport sur les gares en 2009, était présente à la table ronde. Se verrait-elle éclairer un sujet pris en main énergiquement par les services du ministre Macron?
Pourquoi le gouvernement a dit oui au GPSO
Dire oui pour ne pas dire non. C’est ainsi que l’on pourrait résumer la décision prise par le gouvernement d’engager le projet GPSO (Grand projet Sud-Ouest, Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax). Elle réjouit, certes, les partisans des candidats socialistes dans les régions ALPC et Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, qui espèrent sauver leurs régions de la débâcle électorale annoncée en décembre. Mais elle évite surtout de repousser très loin les promesses d’une meilleure desserte de Toulouse et d’une cohérence avec le réseau espagnol de la grande vitesse. Faut-il se rappeler que la commission Duron avait «sauvé» la liaison Bordeaux-Toulouse? En outre, cette décision va probablement aider à trouver une solution au casse-tête sur les dessertes de la nouvelle ligne SEA.
Reste le hiatus avec les priorités stratégiques et politiques des transports du quotidien. On peut tout à fait justifier des investissements de long terme, à condition d’assurer le financement des travaux de maintenance et de régénération. C’est là que le bât blesse: le contrat de performance que l’Etat doit conclure avec SNCF Réseau pour donner de la visibilité au système ferroviaire est aussi proche d’une signature que la résolution du conflit israélo-palestinien d’une solution diplomatique. Comment, dans ces conditions, ne pas faire des rapprochements? Huit milliards d’euros – le coût prévisible de GPSO -, c’est très exactement le besoin de financement de la maintenance du réseau ferroviaire francilien sur dix ans, soit dix fois 800 millions d’euros. Sommes que l’on rechigne aujourd’hui à sécuriser, du côté de Bercy.
On comprend mieux, dans ces conditions, l’extrême prudence de Guillaume Pepy dans une interview à notre confrère Sud-Ouest, ce mardi 29 septembre. «Il n’y a pas de contradiction entre cette décision [NDLR l’engagement de GPSO] et la priorité donnée à la rénovation de l’existant, dès lors que la nécessaire accélération de la rénovation de l’existant est financée.» Difficile de dire les choses plus clairement.
Un peu plus loin, le président de la SNCF ajoute un deuxième avertissement: «Le tour de table devra prévoir un financement public intégral». En d’autres termes, plus jamais de PPP type SEA. En effet, la crise des dessertes sur Tours-Bordeaux n’incite guère à la reproduction du dispositif imposé par le gouvernement de François Fillon, sur ordre du président Sarkozy.
Comme les temps changent. Il y a dix ans, la SNCF faisait le tour des ministères pour soutenir la concession sur Tours-Bordeaux, afin d’aboutir au plus vite à une nouvelle desserte de Toulouse qu’elle jugeait prioritaire, car commercialement la plus rentable des projets de LGV.
Droit de réponse
Charles Simon nous fait parvenir ce texte, suite à la publication de notre article «Charles Simon, l’envers du décor», le 16 septembre dernier. Mobilettre maintient l’intégralité de ses informations et de son analyse.
Concernant l’histoire de mon père Résistant
Mon père, Charles Simon a bien été à l’origine de la formation du premier groupe de résistance à Arras en octobre 1940.
Il fut interné en 1942 et s’évada au bout d’une année grâce à une aubaine.
Dès lors il rejoint le Général de Gaulle en Angleterre qui le chargea de missions sensibles au sein de l’Armée Secrète et cela jusqu’en 1947.
De retour à Arras, près des noms de ses camarades morts en déportation il découvre le sien, en fait part aussitôt au Maire d’alors afin de l’enlever, celui-ci lui proposa, la plaque venant d’être terminée, d’en repayer une autre pour une valeur de 650000 francs de l’époque, Papa sans le sou déclina la proposition.
Depuis toujours nous honorons cette plaque comme un symbole familial en ignorant totalement l’existence de cet autre Charles Simon.
L’explication qui me semble la plus plausible est que mon père s’étant évadé des geôles nazies et appartenant à l’armée secrète sous alias, la confusion entre les deux Charles Simon a été commise lors de la fabrication de la plaque, l’autre appartenant à un réseau de résistance cheminot dont le nom figure sur la plaque de la gare d’Arras.
Maintenant je n’en sais rien, la période était troublée mais il n’y avait aucune mauvaise intention de notre part.
La corruption fait le lit de toutes les tyrannies…
Non pas que ce soit une obsession mais la lutte contre la corruption est en effet notre credo.
Il y en a bien qui protègent les bébés phoques, qui collectionnent les timbres ou qui jouent au petit train ; nous c’est la lutte contre la corruption.
Mon père disait « la corruption fait le lit de toutes les tyrannies », on peut dire aussi « si la démocratie ne met pas un terme à la corruption la corruption elle ne se gênera pas ».
Donc oui nous avons créé avec quelques amis une association de lutte contre la corruption et la défense des consommateurs qui s’appelle Consommateur et Citoyen.
Nous y dénonçons toutes les fraudes, corruptions, détournements de fonds publics ce qui ne résonne guère dans notre pays et pourtant c’est, nous semble-t-il, un combat utile.
Combat qui nous attire en France plus d’ennuis que de reconnaissance…
On n’est de toute évidence pas du côté du manche et lutter contre la corruption n’est pas de tout repos…
Les dossiers à suivre.
Geodis : le dossier à cause duquel je viens de purger 12 ans de placard, l’appel est en cours.
SNCF : un dossier complet expliquant les détournements de fonds publics et fraudes pratiquées à la SNCF pour un montant de l’ordre de 20 milliards d’euros depuis 2002 a été transmis la semaine dernière au SCPC (Service Central de Prévention de la Corruption), j’attends d’être entendu par un juge d’instruction.