Pour remplacer Pierre Cardo dont le mandat à la tête de l’Arafer arrive à expiration en juillet prochain, il fallait bien un personnage de caractère. Il s’agira, selon nos informations, de Cécile Duflot, députée EELV, ex-ministre du Logement, dont la propension à ne pas respecter les pouvoirs établis est bien connue.
C’est une demi-surprise. Disparue des écrans médiatiques et politiques depuis début février, Cécile Duflot a pris le temps d’étudier tous les scénarii, y compris celui de sa candidature à l’élection présidentielle. Mais le risque est élevé: les résultats des sondages oscillent pour elle entre 1,5% et 2,5%, la menace Nicolas Hulot se fait pressante. L’hypothèse d’une débâcle parlementaire des Verts aux législatives qui suivront l’a donc incitée, comme d’autres députés, à trouver un emploi «protégé». Présidente de l’Arafer, certes, ça n’est qu’un CDD, mais il dure six ans, qui plus est irrévocable: Cécile Duflot a sauté sur l’occasion. Les plus hautes autorités de l’Etat ont évalué favorablement l’hypothèse. «C’est une candidature de moins pour 2017!», se sont réjouis les conseillers de François Hollande, qui rajoutent: «Elle est aussi incontrôlable que Pierre Cardo et c’est une femme!». Imparable, le calcul.
C’est Jean-Vincent Placé qui a mis Cécile Duflot sur le coup. «Comme présidente de l’Arafer tu te donnes instantanément une stature au-dessus de la mêlée; à l’occasion tu te fais une bonne pub en refusant la hausse des péages autoroutiers ou en favorisant les cars Macron pour les pauvres, et quand les Français en auront marre de la droite tu joueras le rôle de la sauveuse qui avait pris du recul par rapport au tumulte», lui a-t-il lancé pour la convaincre, avant d’asséner l’argument décisif: «Tu verras, depuis la Tour Montparnasse il y a une belle vue. Et puis tu pourras m’inviter à déjeuner». Toujours redoutable, le ministre.
«La vraie question c’est l’efficacité écologique du train», a récemment affirmé Cécile Duflot, qui aime prendre le RER D à Villeneuve-Saint-Georges. «C’est cool», dit-elle. Avertie que l’Arafer était désormais multimodale, elle envisage déjà de s’adapter à la situation: «Je vais pouvoir m’acheter une Twingo verte de fonction, j’aurai une carte de circulation SNCF et je demanderai à ce qu’on mette des racks à vélos à l’arrière des cars Macron». Opportuniste, la future ex-députée.
Il reste quand même à Cécile Duflot, avant de prendre la relève de Pierre Cardo, à affiner ses connaissances en transport et en droit de la mobilité. Elle a demandé à Mobilettre, qui a accepté bien volontiers, de l’affranchir des coulisses du secteur. Elle débute sa formation aujourd’hui même, premier avril 2016.