Pepy for ever ?
Ceux qui s’attendaient à des révolutions de palais en seront pour leurs frais : avec les décisions prises ce jeudi matin en conseil d’administration de la SNCF, Guillaume Pepy consolide le système qu’il a mis en place. Désormais co-numéro deux de l’entreprise (avec Sophie Boissard et Jacques Damas), Jean-Pierre Farandou poursuit son parcours ascensionnel dans la maison, après avoir échoué à prendre la tête de Keolis. Il en a connu ces dernières années, des tâches ingrates, « pompier » de l’activité TER auprès des élus, superpompier de Transilien auprès des différentes autorités franciliennes et des usagers… Il est récompensé de son obstination. Le rôle de transformateur de l’entreprise que lui assigne Guillaume Pepy n’est guère facile, entre décentralisation, réduction des coûts et accompagnement des grands projets (notamment le Grand Paris), mais sa connaissance de l’entreprise et de son environnement institutionnel sera précieuse.
Pas de surprise non plus avec le retour de Rachel Picard. Une femme remplace une femme à la tête de Gares et Connexions, mais cette fois-ci pas de greffe extérieure comme ce fut le cas avec Sophie Boissard et Barbara Dalibard. Guillaume Pepy s’appuie sur des compétences qu’il a déjà éprouvées au sein de l’entreprise.
Avec ces deux changements il perpétue un système managérial qu’il maîtrise parfaitement depuis quinze ans. Il a coutûme de dire qu’il est absolument ravi de son Comex et de la qualité de ses membres : il les connaît par cœur et les a quasiment tous accompagnés dans leur parcours dans l’entreprise. Seul Pierre Blayau fait figure d’homme à part. Quant à Barbara Dalibard et Sophie Boissard, venues d’ailleurs, il n’est pas étonnant que ce soit avec elles qu’existent régulièrement quelques tensions.
Alors, Pepy for ever à la SNCF ? Les rumeurs de grand Meccano des patrons d’entreprises publiques commencent à se calmer (Mobilettre n’en a pas fait état, du fait de leur extrême volatilité). Manifestement, avec les gros temps financiers et sociaux qui s’annoncent, l’heure est à la consolidation des structures. Il semble pertinent au nouveau pouvoir socialiste de compter sur des managements qui tiennent la route, ou le rail en l’occurrence. Pour les changements de paradigmes, y compris sur la gouvernance ferroviaire, rendez-vous probablement un peu plus tard, fin 2012 début 2013, quand le gouvernement aura choisi sa stratégie en matière de transports, ce qu’il n’a manifestement pas encore fait – l’improvisation de l’équipe Ayrault 1 en la matière le montre bien.
Reste le cas de Joël Lebreton, qui continue à faire bénéficier la SNCF de sa science des transports de proximité – à Keolis en conseils opportuns et avisés, et désormais comme animateur de la branche Proximités. La Caisse des Dépôts se mordra longtemps les doigts de n’avoir pas fait signer une clause de non concurrence à l’ancien patron de Veolia Transdev…