Le changement, c’est un métier
Pour nous l’incarnation des politiques de transport n’est pas un strict outil de communication, mais bien le passage de plus en plus obligé des managements du changement. En répondant à notre invitation, sans exception, les 12 de 2012 savent que Mobilettre ne se contente pas de tenir la chronique des pouvoirs de la mobilité, mais entend bien jouer à plein son rôle d’interface entre les pouvoirs, et d’observatoire des politiques suivies.
Des élus, un ministre, un expert, des dirigeants d’entreprises, de fédérations… Les 12 ont pesé, chacun à sa manière, sur l’actualité de la mobilité. Notre choix comporte forcément sa part d’arbitraire, pourquoi 12, pourquoi pas 10 ou 15…
Mais il est vite apparu, au moment de clore cette année, que les grands enjeux de demain avaient tout particulièrement valu en 2012, année d’élection présidentielle, par la détermination de ceux qui les avaient portés. Et qu’au lieu de les faire disparaître derrière les thèmes, Mobilettre se devait de les mettre en lumière.
Sur la réforme ferroviaire, comment ne pas identifier les rôles majeurs de Guillaume Pepy, Hubert du Mesnil et Frédéric Cuvillier ? En Ile-de-France, l’obstination (dérangeante) de Sophie Mougard et la pertinence (tout aussi dérangeante) de Pascal Auzannet font bouger les lignes. Le volontarisme de Jacques Auxiette, le défi relevé par Jean-Marc Janaiilac, l’ambition de Vincent Feltesse, le dynamisme des duettistes de la FNTV, l’engagement de Philippe Duron, le travail de Dominique Riquet : vous lirez les textes qui accompagnent chacun de nos portraits, et vous y trouverez la matière qui a conduit à leur sélection.
Ils sont très majoritairement socialistes, nos 12. Ce n’est pas très étonnant, puisque la gauche truste tous les pouvoirs depuis le printemps. Au niveau local, les communistes et les écologistes sont souvent efficaces. Mais sur les grands enjeux nationaux, les premiers sont écartés, les seconds se cherchent encore, attendus au tournant en 2013, notamment Cécile Duflot avec le Grand Paris.
Nos 12 sont aussi très expérimentés. Plus que jamais, notre secteur nécessite une sacrée dose de maîtrise. Pour preuve, les recrutements ont une légère teinte d’endogamie, avec François-Xavier Perin à RATP Dev et Jean-Marc Janaillac à Veolia Transdev, ou encore Jacques Rapoport à RFF. La construction d’une légitimité et d’une compétence est souvent affaire de temps : l’irruption de Vincent Feltesse récompense un effort continu, la confirmation de Philippe Duron également.
Nos 12 sont très masculins… Nous n’avons pas voulu céder à la tentation des dosages, qui nous aurait commandé de distinguer davantage de femmes. Au contraire, nous souhaitons attirer l’attention sur une triste réalité : alors que les niveaux intermédiaires sont plus équilibrés, les hommes dominent trop majoritairement quand on arrive au sommet des pouvoirs. Nous avons donc un regret : en refusant de prendre dans notre liste plusieurs dirigeants d’une même entreprise, nous pénalisons la SNCF qui a fait les plus gros efforts en la matière, à tous ses échelons.
Enfin, et surtout, nos 12 ont tous chevillée au corps la volonté du changement, pour leur pays, leur territoire, leur entreprise, leur fédération. Chacun, chacune à sa manière. Prudente et hollandiste chez Frédéric Cuvillier – mais les heures de vérité arrivent. Tonitruante et communicante, chez Guillaume Pepy, engageante et complexe, pour Jacques Auxiette et Philippe Duron. Patiente et déterminée chez Sophie Mougard ou Vincent Feltesse. Bref, ils ont tous compris que l’ampleur des perspectives de la mobilité durable exigeait plus que d’être des serviteurs du quotidien : des acteurs d’une transformation accélérée des managements et des projets. Si les « 12 de 2012 » peut leur donner un surcroît de motivation à tenir le cap de leur ambition…
Gilles Dansart
Photos: Olivier Placet. Graphisme: Tanguy Lambert.