Sur tous les fronts
Jacques Auxiette
Il aurait pu finir sa carrière politique en baron local, bien installé dans le palais de Guichard, au bord de l’Erdre. Ni lui ni la politique ne l’ont voulu. Son investissement dans le ferroviaire et la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon ont transformé son agenda en casse-tête permanent. En 2012 il était partout: défenseur de Notre-Dame-des-Landes, défenseur des régions dans la crise des financements du transport régional, soutien des candidats socialistes aux législatives, chercheur avec Jean-Louis Bianco de quelques solutions ferroviaires… A 72 ans, quelle activité !
On le dit pro-SNCF, mais la SNCF s’en méfie. Tiens, et si Jacques Auxiette était résistant aux attaches qui obligent et paralysent ? Le 30 octobre, lors de la cérémonie des 75 ans de la SNCF qui sert de lancement à la réforme ferroviaire, quand Bernadette Laclais fait de la promotion de base pour la SNCF multicompétente, lui rappelle à tous qu’il est un client exigeant, qu’on ne peut pas le réduire à un partenaire bon à payer et obéir. Certes, son expression n’est pas toujours des plus limpides, mais les messages passent : les régions ne veulent pas être des gogos ou des dindons.
Il se joue beaucoup de choses d’ici le printemps. Notamment, le vrai niveau de décentralisation du système ferroviaire. La SNCF résiste à d’authentiques transferts de décision, au nom d’une cohérence globale, et parce que ses logiciels restent prodondément jacobins. En coulisses Matignon et Mouchotte ont bataillé pour réduire l’ambition de la lettre de mission de Jacques Auxiette. Mais il n’entend pas s’en laisser conter. On peut compter sur lui.