La mort de Bernard Tabary
Le directeur exécutif international de Keolis est décédé brutalement ce dimanche matin d’un arrêt cardiaque, à l’âge de 62 ans.
Washington, devant la Maison-Blanche, en décembre 2013, 7 heures du matin. Bernard Tabary, la vie, l’énergie, l’attention aux autres.
On va faire l’effort malgré le choc et la tristesse de garder l’image de ce sourire, celui d’un homme bienveillant, attentionné, dont le dynamisme était si communicatif. En tee-shirt blanc, à l’aube, Bernard vous emmenait courir dans la ville calme et déserte, et plus rien d’autre ne comptait que les simples plaisirs de l’effort. Il en a avalé des kilomètres, de par le monde, seul ou lors de prestigieux marathons. Il ne courra pas le prochain, à Paris dans deux semaines.
Michel Bleitrach, «stupéfait» par cette disparition soudaine, le connaissait si bien. Il l’avait recruté en 2005 comme directeur général adjoint de Keolis, après une première partie de carrière chez Bolloré et Plastic Omnium, et en avait vite fait le boss de Lyon, en 2007. Quelle intuition… Bernard Tabary a profondément transformé la façon de faire des équipes de Keolis Lyon et la gouvernance du contrat avec le Sytral, avec son «gang des lyonnais» qui ont tellement compté dans le développement de Keolis. Jean, Eric, Marc et tous les autres, qu’ils ne nous en veuillent pas de ne pas tous les citer, sont aujourd’hui orphelins d’un compagnon d’aventure jamais grincheux ni blasé.
C’était un sacré winner, devenu une figure charismatique du transport public en France et dans le monde
Faut-il les rappeler, toutes ces aventures de Keolis à l’international (dont il était devenu en 2011 le directeur exécutif), menées avec ses acolytes successifs ? Evidemment Boston, la victoire fondatrice de l’expansion, mais aussi l’Australie, l’Inde, la Grande-Bretagne. Bernard Tabary était un sacré winner. Quel pied de saluer ensemble les alliés anglais de Go-Ahead d’un joyeux et respectueux «Good game !» à l’issue d’une victoire des Bleus contre le Quinze de la Rose au stade de France, après un essai victorieux au money time…
Bernard Tabary est une figure charismatique du transport public en France et dans le monde, qui était devenu son terrain de jeux préféré, au mépris des fuseaux horaires. Les premiers hommages reçus ce dimanche sont unanimes, depuis son premier patron Michel Bleitrach à son actuelle présidente Marie-Ange Debon, en passant par Patrick Jeantet. Nous avons contacté Jean-Pierre Farandou, PDG de la SNCF, qui a si bien connu Bernard Tabary – leurs parcours se sont étroitement entrelacés depuis dix-huit ans. Voici ce qu’il nous a confié.
« Bernard était une personne rare. Il avançait dans la vie avec classe et légèreté. Rien ne l’inquiétait et il avait besoin de challenges à relever et de missions impossibles à accepter. J’ai du mal à admettre sa disparition tant il incarnait la vie, l’énergie, l’ouverture aux autres. Il restera à jamais mon buddy, appellation affectueuse que nous nous étions donnée suite à notre premier voyage en Australie. Des amis et des copains, Bernard en a sur tous les continents. Comme moi, ils pleurent le départ de Bernard qui a dû rejoindre le paradis des marathoniens et des mangeurs de chocolat. So long Buddy ».
Mobilettre présente à sa femme Domitille et à ses enfants ses plus sincères condoléances. Good game, où que tu sois, Bernard.