Keolis : Marie-Ange Debon affirme son pouvoir
La réorganisation du comité exécutif annoncée ce mardi 29 août aboutit au départ des «historiques» Frédéric Baverez et Arnaud van Troeyen. Les directions France et International sont scindées en deux. Laurence Broseta, partie de Transdev il y a quatre ans, fait son retour dans le transport public.
Depuis le printemps et le décès brutal de Bernard Tabary (lire MobiAlerte 104), une réorganisation des activités internationales de Keolis était dans l’air ; mais en cette fin d’été, après plusieurs mois de préparation, le mouvement attendu prend une ampleur bien plus conséquente. A l’exception de trois membres du Comex qui gardent leurs attributions (Christelle Villadary, Sophie Durand) ou les voient élargies (Pierre Gosset), c’est à un profond changement de périmètres, d’hommes et de femmes que procède Marie-Ange Debon.
Les directions opérationnelles France et International sont scindées chacune en deux. Annelise Avril, précédemment directrice Marketing et Innovation, dirigera les Grands réseaux urbains, tandis que le DRH Clément Michel s’occupera d’un ensemble «Territoires et Ile-de-France» qui regroupe l’interurbain, les petits réseaux urbains, l’Ile-de-France mais aussi Kisio et Keolis Santé. Frédéric Baverez, directeur général France, est poussé vers la sortie. Pour l’international, Laurence Broseta, partie de Transdev il y a quatre ans, devient directrice générale mais laisse à Jan Kilström, jusqu’alors directeur général Suède, l’Europe continentale (Suède, Danemark, Pays-Bas, Belgique). Arnaud van Troeyen, directeur général adjoint, s’apprête lui aussi à quitter le groupe.
Une nouvelle DRH succédera à Clément Michel, il s’agit de Lydie Jallier, directrice des Recrutements et des Talents de Safran. La nouvelle direction fonctionnelle «Marketing, innovation, nouvelles mobilités, développement durable et engagement» n’est pas encore pourvue.
Majoritairement féminin (cinq femmes, trois hommes), le nouveau Comex de Keolis est aussi plus équilibré entre «opérationnel» et «fonctionnel», mais cet affichage ne peut occulter les enseignements essentiels de cette grosse réorganisation :
La présidente du directoire Marie-Ange Debon affirme clairement son pouvoir. Le départ de Frédéric Baverez, notamment, ajouté à la disparition de Bernard Tabary et au découpage des activités, met fin à une sorte de pouvoir partagé avec ceux que l’on a appelés «les barons» de Keolis.
Une page se tourne pour Keolis avec ces départs de Frédéric Baverez (depuis 18 ans à Keolis) et Arnaud van Troeyen (16 ans). Tous les membres du Comex, hormis Clément Michel, ont moins de trois ans dans l’entreprise!
Trois ans après son arrivée à la tête du directoire, Marie-Ange Debon a mené une réorganisation à sa main, censée projeter Keolis dans le futur. Les bons résultats financiers et surtout commerciaux, avec des défenses réussies (Bordeaux) et des victoires importantes (lignes 16 et 17 du Grand Paris Express), ont probablement contribué à renforcer la confiance des actionnaires.
Mais il faudra à la nouvelle génération de quinquas désormais aux commandes du groupe montrer leur compétence managériale et tisser des liens de qualité avec des autorités organisatrices qui n’aiment guère les révolutions de palais. De leur relation avec les puissants patrons de réseaux, en France et à l’international, dépend une bonne partie de l’avenir de Keolis, dont le formidable développement depuis près de vingt ans doit beaucoup à des dirigeants attentifs à partager des valeurs et des compétences communes.
