EXCLUSIF
Plusieurs entreprises et organismes d’Etat vont changer de nom
Décidément les cabinets de conseil sont partout. Mobilettre vous raconte les coulisses d’un projet voulu par l’Elysée et piloté par le Secrétariat général du gouvernement.
Lors de sa conférence de presse du 17 mars le candidat Emmanuel Macron a évoqué la transformation de Pôle Emploi en France Travail. Ce n’est en réalité que le premier exemple rendu public d’une valse générale des étiquettes des entreprises et organismes publics (France Forêts, France Logement etc), qui va aussi toucher une bonne partie du secteur de la mobilité.
A l’origine, quelques acronymes peu explicites (qui sait ce que signifie Cerema?), mais surtout une proposition d’harmonisation et de renouvellement qui a beaucoup plu au Président et à son entourage, persuadés qu’il faut renforcer le service public et multiplier les affichages «nationalistes» pour contrebalancer un soutien décomplexé au business international.
C’est un cabinet de conseil spécialisé basé à Levallois, McNaming, qui a émis l’idée et passé en revue l’ensemble des structures publiques pendant trois mois. Pour la plupart, le changement était simple: l’Ademe deviendra France Environnement Energie, le Cerema France Expertise Transport, VNF Eaux de France (même si l’analogie avec la région Hauts-de-France risque de générer des confusions: le Canal Seine-Nord, un projet mené par Eaux de France en… Hauts-de-France). Mais FFR (France Fleuves et Rivières) était déjà pris par le rugby (Fédération Française de Rugby), donc va pour Eaux de France.
Barbara Pompili n’a pas réussi à imposer sa propre stratégie de verdissement
C’est d’ailleurs l’argument de la mise en ordre générale qui a prévalu pour imposer Rails de France (RdF), après 85 ans de SNCF: Air France, Eaux de France, Routes de France… Rails de France, évidemment. L’argument de la multimodalité du groupe n’a pas résisté à la tentation de tourner la page: «La SNCF et les cheminots nous em… depuis si longtemps, il est temps de tourner la page», a tranché le Président-candidat, malgré la résistance du groupe et le plaidoyer de Jean Castex pour un statu quo. Les marques Keolis et Geodis subsisteront, notamment pour l’export.
Cette stratégie de communication de l’Elysée s’est heurtée à une volonté parallèle, celle de Barbara Pompili qui souhaitait verdir les sigles des structures dépendant de son ministère, faute de bilan flatteur sur le plan environnemental. Las pour elle! c’est bien la normalisation avec le mot France qui l’emportera: France Mines, France Ponts, et France Vélos pour une éventuelle future agence. «Barbara Pompili aurait voulu rebaptiser l’Ecole des Mines en Ecole des bonnes Mines (EBM) et l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées en Ecole des Pistes, Plots et Panneaux (EPPP)», raconte un conseiller, «mais elle n’a pas été suivie et a vite renoncé. A-t-elle craint de devoir changer son propre nom et s’appeler Barbara Plopili?».
Problème en revanche pour Polytechnique: France X, ce n’est pas très moral. Appelé à la rescousse, le cabinet McAlter a trouvé une autre idée: ce sera France XY, parfait pour symboliser l’égalité des genres et des sexes. Sur les CV de nos grands dirigeants, désormais: diplômé-e de XY Mines ou XY Ponts. Il va falloir s’habituer.
Reste le cas de la RATP: France Métros, c’est réducteur, France Mobilités voire Ile-de-France Mobilités c’est déjà pris. Un troisième cabinet de consultants serait sur l’affaire, auquel le SGG, en passe de créer une agence France Evaluation pour gérer les externalisations, aurait confié le chiffrage des coûts de transformations (notamment la création de nouveaux logos et leur diffusion). On parle de plusieurs centaines de millions d’euros.
Selon nos informations l’Elysée s’apprête à révéler ces nouveaux noms qui concilient la valorisation du service public français et une forme de récupération des pulsions nationalistes du moment. A moins de dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, il faut ratisser large. Emmanuel Macron aurait en revanche repoussé la proposition de McNaming de rebaptiser La République En Marche en La République En Vélo, malgré le potentiel auditif de l’acronyme: LREV.