Mobitelex 164 1/2 – 17 novembre 2016

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Mobitélex. L'information transport

La lettre confidentielle de Mobilettre


Tram de Manchester: un match à rebondissements

On suivait avec attention l’appel d’offres du tramway de Manchester, auquel participent quatre entreprises, une anglaise (National Express) et… trois françaises (Keolis, RATP Dev, Transdev). RATP Dev, exploitant sortant depuis son rachat de Metrolink, espérait contredire la tradition qui veut qu’à Manchester, on sorte les sortants. C’est raté, et pas qu’un peu. Non seulement RATP Dev n’a pas gagné, mais l’entreprise a reçu une notification expliquant que son offre n’était pas acceptée pour n’avoir pas atteint le niveau technique requis.

Du coup, selon nos informations, RATP Dev aurait déposé un recours auprès de la High Court de Manchester. Une telle procédure permettra a minima à l’entreprise de comprendre pourquoi son offre a été retoquée. On ne sait pas encore les conséquences de ce recours sur la suite de la procédure d’adjudication, prévue pour la mi-décembre. Risque-t-elle d’être retardée en attendant le verdict?

En attendant, selon nos informations, National Express et Transdev ont reçu des notifications leur précisant qu’ils n’étaient pas eux-mêmes «prefered bidder». Au terme d’un exercice de déduction relativement rapide, nous en concluons que le nom du candidat en pôle position pour la suite des opérations commence par un K. Contacté par Mobilettre, Keolis s’est refusé à tout commentaire.


PROCES

La bonne foi confirmée de Mobilettre

La cour d’appel de Paris a confirmé jeudi 10 novembre le jugement en première instance de la XVIIème chambre correctionnelle de Paris et déboute Car Postal de toutes ses demandes relatives au procès en diffamation que la société intentait à Mobilettre. C’est bien en toute bonne foi que Mobilettre a couvert, en juin 2014, la polémique nourrie par les autocaristes isérois à propos d’apports financiers de la Poste suisse qui auraient permis à sa filiale française Car Postal de pratiquer des prix agressifs, lors d’appels d’offres interurbains.

Deux ans, donc, de procédures, pour faire la preuve à deux reprises que notre dossier était sérieusement étayé et notre traitement éditorial équilibré. Avec le spectacle réjouissant d’une procureure de la République endossant l’habit d’avocat d’une presse libre, pertinente et indépendante…

Parallèlement, il est à noter que sur le fond, le contentieux entre les autocaristes français et Car Postal poursuit sa longue route judiciaire. Au Tribunal de Commerce de Lyon, Car Postal vient d’être condamné à verser environ 10 millions d’euros à plusieurs sociétés locales. L’affaire est désormais en appel.


Pourquoi et comment Blablacar dialogue avec les villes

Une nouvelle ère pour de nouvelles aires? La licorne française Blablacar, interrogée par Mobilettre lors du congrès 2016 de la FNTV, le 14 octobre dernier, clamait haut et fort sa résolution: «Nous voulons travailler avec les collectivités afin d’améliorer notre dispositif». Plusieurs grandes collectivités ont d’ores et déjà été contactées. L’objectif? Améliorer la pratique du covoiturage sur le terrain, notamment dans les points de prise en charge et de dépose, ces aires de zone dense convoitées par tous les opérateurs de transport… S’agit-il d’une manière de maintenir le niveau de croissance sur le territoire français? Une volonté d’amélioration continue des parts de marché? Une étape logique et naturelle de développement de l’activité de covoiturage? Romain Fau, Directeur France, Espagne et Belgique de Blablacar, s’est confié à Mobilettre.

  • Un gisement de données à valoriser. Blablacar c’est plus de 35 millions d’inscrits dans le monde, dont plus d’une dizaine uniquement France, et plus de 12 millions de voyages par trimestre. Devenu numéro un du covoiturage, la PME contrôle désormais 90% des marchés français, allemands et italiens. Par conséquent, elle possède des millions de données, qui lui permettent de très bien connaître le marché du covoiturage (cette position est sûrement unique). Il était donc temps de valoriser ces données…
  • Blablacar à l’initiative. Voila pourquoi elle a contacté plusieurs collectivités publiques en France, afin d’entamer des discussions. L’initiative vient bien de la PME, comme le confirme Romain Fau: «Nous n’avons pas eu de remontées des collectivités, c’est nous qui avons souhaité aller vers elles. Nous l’avons d’ailleurs également fait avec des opérateurs privés, comme Vinci pour le cas des autoroutes». Blablacar aurait ainsi contacté plus de 30 villes : «Notre méthode, c’est de leur expliquer le poids du covoiturage sur leur territoire, grâce aux données dont on dispose, puis d’évaluer les possibilités d’amélioration sur le terrain», précise le directeur France, avant d’ajouter: «Bien souvent les villes ne sont pas conscientes de l’ampleur de ces pratiques sur leur propre territoire».
  • Une force de proposition plus qu’un partenariat. C’est un dialogue qui s’installe entre la PME et les différentes villes sollicitées. Blablacar propose des solutions, tout en étant consciente que les collectivités sont souvent limitées, notamment par le coût des infrastructures, pour agir: «Nous ne réalisons ni finançons aucun chantier, nous restons donc uniquement force de proposition: nous informons et suggérons». Les données mises en avant par la PME lui donnent une certaine légitimité pour influencer les collectivités, qui bien souvent n’en possèdent aucune. «Lorsque nous expliquons qu’il y a une centaine de départs depuis tel ou tel point, porte d’Orléans, la Mairie nous prête une certaine attention». Des données qui pourraient devenir de plus en plus précises, notamment grâce au dispositif de «zones de rencontre» expérimenté depuis peu par Blablacar sur son application. «Nous proposons, dans les grandes villes, des lieux prédéfinis, afin que la rencontre entre covoitureurs et covoiturés soit la plus simple possible». Cette utilisation fléchée de certains espaces publics se fait au bénéfice des citoyens, certes, mais elle génère aussi des plus-values pour un acteur privé…
  • Une complexité surtout dans les grandes villes. Pour entamer les discussions, Blablacar a choisi les 30 communes dans lesquelles les pratiques de covoiturage sont les plus massives, bien souvent des métropoles ou grandes villes. «Dans des villes de 10 000 ou 15 000 habitants, il est plutôt facile de se retrouver pour covoiturer. A l’inverse, dans des environnements denses, cela peut devenir très compliqué… imaginons par exemple la Porte Maillot à Paris!». La capitale fait d’ailleurs partie des villes ou les discussions sont les plus avancées, tout comme Toulouse (en région Occitanie), nous confirme Romain Fau.
  • Muscler le marché français? A ceux qui expliquent que Blablacar aurait atteint «le plafond de verre» en France, Romain Fau répond clairement: «Oui, notre croissance à l’échelle hexagonale est moins forte qu’auparavant. Néanmoins, pour certains déplacements, elle est loin de diminuer, à l’image des liaisons entre les villes moyennes. Relier une commune de 10 000 habitants en Bretagne à une autre de taille similaire au nord de Paris, sans Blablacar, c’est quasiment impossible». La PME apporte donc un service qui parfois n’existe tout simplement pas. «C’est sur ces milliers d’axes secondaires que l’on réalise encore de la croissance», conclut Romain Fau.

  • DEBATS

    A Levallois et dans les Echos, un vent nouveau sur le ferroviaire

    Et soudain, sur scène, Jean-François Bénard se leva et balaya des années de modération pour apostropher avec vigueur les 350 personnes réunies par Objectif OFP (opérateurs ferroviaires de proximité) dans la grande salle de la mairie de Levallois, ce mardi 15 novembre: «L’indépendance du gestionnaire d’infrastructure est un impératif absolu, on sait depuis le vote de la loi que l’Epic de tête ne peut pas marcher et garantir la séparation, donc votre présence ici, votre capacité à innover et à entreprendre, ce sont les meilleures nouvelles possibles pour le ferroviaire», a-t-il affirmé avec force. Applaudissements nourris à l’adresse de l’ancien directeur général de SNCF et RFF, et encore tout récemment membre du collège de l’Arafer. Si lui, Jean-François Bénard, qui a tout vu et tout connu du système centralisé et monopolistique, s’engage aussi radicalement en faveur de la mue d’un système ferroviaire ouvert et pluriel, alors il y a encore de l’espoir…

    Après cette première séquence, animée par Mobilettre, d’une journée entière de débats et échanges, beaucoup d’autres interventions ont été de la même veine, traduisant la volonté des acteurs de terrain, opérateurs alternatifs, collectivités locales, industriels ou chargeurs, de passer à la suite. Jacques Chauvineau, ardent fédérateur de cette nouvelle énergie, pouvait légitimement s’en réjouir.

    Et la suite, il se trouve qu’elle a été clairement esquissée le lendemain matin dans les Echos par le président de SNCF Réseau, Patrick Jeantet: «Plusieurs régions veulent expérimenter la concurrence dans le transport de passagers. J’ai proposé de leur apporter notre expertise.» Comment être plus clair? C’est le retour à une stratégie d’encouragement des nouveaux entrants, destinée à inverser la tendance, à rompre avec le malthusianisme de l’offre. «L’arrivée de la concurrence dans le secteur voyageurs permettra de baisser les coûts. Les économies réalisées pourraient, comme cela a été le cas en Allemagne, être réinvesties dans l’accroissement du trafic, ce qui enclencherait un cercle vertueux.»

    Fort opportunément, notre confrère Lionel Steinmann pose la question suivante, puisque cela fait des années que le corps SNCF résiste dans un bel ensemble à une telle perspective: «Cela ne doit pas être facile à faire passer en interne…». Réponse de Patrick Jeantet: «Les équipes de SNCF Réseau vivent déjà la concurrence dans le transport de marchandises, et elles traitent leurs interlocuteurs avec les mêmes attentions, qu’il s’agisse de Fret SNCF ou d’un opérateur privé. Sur ces sujets, nous prenons nos décisions en pleine indépendance.» Deuxième affirmation on ne peut plus claire…

    De fait, après quelques années marquées du sceau de la réintégration de la famille cheminote, on assiste à la (ré)émergence d’une conception ouverte du réseau au sommet de l’organigramme SNCF. Fini les plaidoyers formels et sans lendemain, on passe à des incitations concrètes aux expérimentations de la concurrence. A quelques mois d’une possible alternance politique aux accents libéraux, cet engagement va-t-il davantage dynamiser les énergies ferroviaires que susciter des crispations?


    A Lyon, la recherche d’idées nouvelles pour le transport public

    La deuxième étape des Etats généraux de la mobilité durable, organisée par le Gart, l’UTP, l’ARF, TDIE, la Fnaut et la FNTV, et animée par Mobilettre, se tenait le 9 novembre à Lyon. Il se confirme que la capitale des Gaules est bien une métropole référence pour le transport public, si l’on en croit l’affluence et la qualité des débats. A retenir parmi les suggestions récurrentes, la nécessité de mieux associer les entreprises aux solutions de mobilité, d’intégrer plus massivement les mobilités actives (marche à pied, vélo), mais aussi de s’appuyer sur les arguments de santé publique pour emporter des politiques publiques plus radicales. L’Assemblée fut quasi unanime à souhaiter une plus grande taxation de l’essence, tout comme l’évidence d’un portage gouvernemental plus énergique par un ou une ministre d’envergure s’impose de plus en plus…

    Prochaine étape de ces Etats généraux: Marseille, le 24 novembre. Détails et inscriptions sur www.etatsgenerauxdelamobilite.fr


    Bénédicte Tilloy quitte la DRH de SNCF Réseau

    Selon nos informations Bénédicte Tilloy ne sera plus la DRH de SNCF Réseau en 2017. C’est Jacques Rapoport qui l’avait recrutée après son départ de la direction générale de Transilien, il y a deux ans. Aucun nom ne circule pour l’instant pour lui succéder.

    Par ailleurs on attend toujours la nomination officielle de Mathias Vicherat comme DGA chargé du projet d’entreprise, de la marque et de la communication. Issu de la même promotion de l’Ena (promotion Senghor) que son ami Emmanuel Macron, Mathias Vicherat est l’actuel directeur de cabinet d’Anne Hidalgo.


    VIDEO

    Le premier débat de Rail 2020, à l’initiative de la Fnaut et de Mobilettre, s’est tenu le 8 novembre dernier à l’Ecole Multimédia, à Paris. Gilles Dansart, directeur de Mobilettre, recevait Guillaume Pepy, PDG de SNCF Mobilités, sur le thème «Economie numérique et mobilité». Revivez l’intégralité des échanges.
    https://rail2020.wordpress.com/2016/11/14/economie-numerique-et-mobilite/


    A SUIVRE: MOBITELEX 164 2/2


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